Pour bien comprendre l’histoire de ce domaine qui deviendra Augusta National il nous faut remonter en 1853 lorsque Benjamin Warren, une Juge d’Augusta céda sa propriété de 127 hectares à un Agriculteur du nom de Dennis Redmond qui cultivait l’Indigo.
La culture de l’indigotier était largement répandue dans les Etats du sud-est des Etats Unis, ainsi qu’au sud de la Louisiane où les Français s’y étaient aussi livrés, car la demande de teinture en Europe était telle que la culture en utilisant de la main-oeuvre issue de l’esclavage était très lucrative et concurrentielle face aux producteurs asiatiques. A tel point que l’interdiction des pratiques esclavagistes qui était en vigueur en Georgie fut levée en 1751 pour permettre à cet Etat de participer à la ruée vers ce filon.
Cette culture resta rentable jusqu’à ce que le colorant soit synthétisé en Europe, en 1882, en poursuivant les travaux de l’Anglais William Perkins qui en 1856, à la recherche d’un traitement contre le paludisme, avait accidentellement formulé le premier colorant synthétique.
Mais Redmond, avait diversifié ses cultures dès son accession à la propriété, il produisait des pêches, des pommes, du raisin, des fraises et un grand nombre de types d’arbustes. Il avait en même temps entrepris la construction d’une grande maison qu’il appela « Fruitland Manor » (sa structure, très en avance pour l’époque en béton armé, est toujours celle du Club-House d’Augusta National).
En 1857, un père et son fils, Louis et Prosper Beckmans, des immigrants Belges arrivèrent à Augusta avec l’intention d’y établir une pépinière. Ils avaient choisi les environs d’Augusta pour la nature du sol propice à la culture des végétaux, mais aussi pour les infrastructures de transport, très en avance pour l’époque, que ce soit par eau, route ou rail.
Cette année là, les Beckmans allaient prendre une participation de 50% dans le capital de l’entreprise Redmond et l’absorber totalement dès l’année suivante. Dans la foulée ils achetèrent les terres environnantes pour optimiser la taille du domaine et terminèrent la construction du « Fruitland Manor » afin d’en faire leur résidence.
Le fils Beckmans devint vite un horticulteur renommé pour la culture de la pêche, lorsqu’il était arrivé en Georgie on comptabilisait une centaine de milliers de pêchers principalement implantés dans des petites structures familiales, 50 ans plus tard, à la fin de sa vie on estima qu’il en avait planté plus de 3 millions et amélioré plusieurs espèces.
En 1858, il expédia ses premières pêches sur le marché de New York, 3 ans plus tard, il produisait plus de 300 sortes de pêches. L’entreprise était prospère et parfaitement organisée d’un point de vue marketing et commercial, dès les années 1880, elle expédiait par la Poste 25000 catalogues par an. Les expéditions couvraient l’ensemble des Etats Unis mais aussi la plupart des régions du monde.
Le 6 novembre 1910, P. J. Berckmans mourait à l’âge de 80 ans, ses fils allaient poursuivre l’exploitation qui était de plus en plus prospère. Mais pourtant, un grain de sable allait enrayer le bel ensemble, Berckmans par testament avait légué une partie du domaine à sa seconde épouse, l’entente n’était pas parfaite, l’entreprise allait décliner et moins de 10 ans après la disparition du patriarche, les descendants mettront la clé sous la porte.
Pendant ce temps là, Augusta devenait un lieu de villégiatures et de retraites hivernales pour les riches du nord. En 1925, le magnat des hôtels de Miami J. Perry Commodore Stolz acheta le domaine de Fruitland Nursery avec l’intention d’y construire une résidence de vacances d’hiver de haut niveau le « Augusta Fleetwood Resort », mais peut-être à cause des signes avant-coureurs de la grande dépression, la construction ne fut jamais achevée.
La suite vous la connaissez!
Mais pour terminer avec la nurserie, lors de la construction du Golf, deux des fils de Berckmans revinrent sur le site pour aider à la conception paysagère du parcours.
Augusta National est désormais mondialement connu et Fruitland Nurcery est passée aux oubliettes, pourtant c’est elle qui a permis à la Géorgie d’être reconnue comme étant l’Etat de la pêche, « The Peach State ». Puissions-nous ne jamais l’oublier.
Fin de l’annexe 1, la 2 vous parlera de Bobby Jones.